PHILIP K. DICK’S ELECTRIC DREAMS (part 1)

Channel Four a décidé d’adapter les nouvelles de Philip K. Dick en une série de 10 épisodes (pour la première saison). Chacun d’eux est un stand-alone. Toutes les histoires ne sont pas adaptées de nouvelles connues, mais elles sont toutes mises en images avec pour objectif déclaré de rendre hommage à la vision de son créateur. Pour ceux qui ne sont pas familiers de son travail écrit, je suis sûr que vous avez visionné une de ses adaptations portées à l’écran : Minority Report, Totall Recall, The Truman Show, Blade Runner, Paycheck ou même la série The Man in the High Castle… entre autres… Mais parlons de la première partie de la saison une (je ne sais pas encore s’il y en aura d’autres, mais je l’appelle de tous mes voeux).

Episode 1 : The Hood Maker

Dans une société où se cotoie les humains « normaux » et les télépathes (appelés les Teeps), la police emploie ces derniers afin de chasser ses opposants. Mais l’apparition de masques de cire qui bloquent la lecture des esprits par les Teeps provoque un déséquilibre entre les deux factions. Une chasse au créateur de ces masques est alors lancée.

Ce pilote est un peu plus long que les autres épisodes. J’ai eu l’impression de regarder le premier chapitre d’une histoire plus longue lorsque la fin ressemblait à un cliffhanger d’une suite qui n’arrivera jamais. Un peu de frustration. Les deux détectives font tout l’intérêt de ce premier opus, leur interaction dans cet univers noir, sinistre, post industriel, les emporte dans une relation impossible et admirablement mis en scène. Ce sera d’ailleurs une constante dans chaque épisode, le choix des acteurs est toujours impeccable, tout comme la réalisation. Même si ce n’est pas la meilleure nouvelle (ni une des plus connues) qui inspire ce premier épisode, c’est par contre un excellent choix pour plonger dans l’univers de Philip K. Dick ! 7/10.

Episode 2 : Impossible Planet

Deux employés du tourisme spatial, complètement blasé par leur job, sont engagés par une très vieille dame (pas loin de 300 ans) pour un voyage vers une planète dont toute vie a disparu depuis des lustres, dûe à une catastrophe solaire : la Terre. Un peu confuse mais riche, ils décident de la tromper en l’emmenant vers une planète similaire pour empocher son argent.

Cette histoire m’a filé une grosse claque, trés touché par la poésie teintée de nostalgie dans cette course aux souvenirs perdus. Cette adaptation différe quelque peu de la nouvelle originale. La Terre y est un mythe et non une planéte brulée comme dans cet épisode, et il est difficile de comprendre la connexion entre Mrs Gordon (les cinéphiles reconnaitront l’immense actrice Géraldine Chaplin) et Norton, là où elle n’existe pas dans la nouvelle. L’autre personnage important de l’histoire est le robot protecteur de la vieille dame, complice passif, tandis que Mrs Gordon espère revoir l’endroit où elle a grandit avant de mourir. Dans l’histoire originale, ils trouvent une pièce de monnaie sur la planéte brûlée qui leur indique que la Terre n’est finalement pas un mythe, alors qu’ici, une connexion entre les deux personnages les raménent à leur passé de jeunesse, même s’il n’est pas expliqué pourquoi Norton ressemble tant à son grand-père dont elle chérit une photographie. Malgré cette fin un peu confuse, c’est un excellent épisode. 8/10.

Episode 3 : The Commuter

Ed travaille dans une gare, au guichet des tickets. C’est un monsieur « tout le monde » dont la vie n’est pas facile. Il a un fils malade qui a des accès de violence incontrôlés, ce qui affecte sa relation conjugale. Un jour, une femme vient acheter un ticket pour une ville, Macon Heights, qui n’existe pas. Alors qu’il se retourne une seconde, la jeune femme a disparu de son guichet. Il décide alors d’enquêter sur cette ville et découvre que d’autres passagers s’y rendent. Il les suit et découvre une ville dans une réalité alternative où les gens sont heureux, alors que sa visite change sa propre réalité lorsqu’il rentre chez lui.

Après deux épisodes qui se déroulent dans le futur, cette histoire est ancrée dans notre temps. Une fois encore, le sujet est très perturbant et prouve que l’esprit torturé de Philip K. Dick était capable d’inventer des histoires compliquées. Il y a de nombreuses lectures de cet épisode et je pense que chacun y verra quelque chose de différent. Je me demande même si, en le revisionnant, je n’arriverai pas à une conclusion autre. Beaucoup de questions sont donc soulevées : Ed change t-il son présent avec les visites à Macon Heights ou change t’il de réalité à chaque fois ? influe t’il inconsciemment sur sa vie ? bref, encore une histoire à voir et qui fait réfléchir. A noter le jeu de Timothy Spall contribue encore une fois à la réussite de cet épisode, chaque fois le casting est très bon. Timothy Spall est le prototype de l’excellent acteur dont on connait le visage sans être capable de mettre un nom dessus. Il vous dit quelque chose ? allez, je vous aide : Wormtail (Harry Potter). 8/10.

Episode 4 : Crazy Diamond

Une homme qui travaille dans une usine de fabrique d’étincelles d’éveil de conscience pour les êtres artificiels voit débarquer l’un d’entre eux, personnifié par Jill, une superbe femme, dans sa vie. Elle lui propose un deal illégal, voler ces consciences afin de prolonger sa vie sur le point de s’éteindre et vendre les autres afin d’assurer financièrement le restant de sa vie pour elle-même et Ed.

Nous revoici dans la ligne pure de Blade Runner. Jill (nom donné aux femmes artificiels, les hommes sont des Jack) ne veut pas mourir et veut plus de vie, sujet récurrent chez Philip K. Dick. Même si cet épisode est un peu en dessous des deux derniers, une fois encore, le casting tient à bout de bras cette adaptation. Steve Buscemi et Sidse Babett Knudsen forment un tandem implacable. J’ai beaucoup apprécié les petits détails de la vie pour poser ce future en quelques exemples comme la nouriture qui moisi le jour après l’achat ou l’interdiction de faire pousser ses propres aliments, pour poser cette société de l’ultra consumérisme. Ce monde semble être parfait où tout le monde est heureux, mais on découvre rapidement les zones d’ombre de cette dystopie. Les personnages secondaires sont, cette fois, tout aussi interessant, comme l’agent de sécurité, 40% cochon 60% humain, qui crée une relation d’amitié avec la femme de Ed. La fin est inattendue, et la récupération de son vinyl explique le titre de l’épisode. 7/10.

Episode 5 : Real Life

Dans un Chicago du futur, Sarah est agent de police. Perturbée par une enquête où de nombreux officiers ont trouvé la mort, elle rentre chez elle où elle retrouve sa compagne qui lui propose d’utiliser un appareil qui lui permet de s’évader de sa réalité, de se retrouver comme « en vacances ». A la seconde même de la mise en marche de l’appareil, George se réveille dans un Chicago du passé, où il chasse des gangsters locaux. Après un coup à la tête, son médecin personnel lui explique que cela a ravivé d’ancien souvenir. Alors qu’il se repose et active son propre appareil de réalité virtuelle, Sarah se réveille à son tour.

Impossible de ne pas voir des similitudes avec Total Recall. Cette histoire est bien adaptée, au point où on se demande quelle est la « vraie » réalité (réponse à la fin). J’avoue ne pas être fan d’Anna Paquin (que ce soit True Blood ou X-Men, je la trouve insignifiante), mais elle est parfaite dans ce rôle, un peu effacée et torturée, bon choix de casting. Terence Howard qui joue George est comme toujours excellent. Cet épisode transcrit un autre thème récurrent chez Philip K. Dick : les réalités alternatives. Même si la nouvelle d’où Real Life est tirée diffère un peu, sa mise au gout du jour fait sens et ne dénature pas la profondeur de l’histoire. 8/10.

 

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