ALITA : BATTLE ANGEL

(2019). Lorsqu’Alita se réveille sans aucun souvenir de qui elle est, dans un futur qu’elle ne reconnaît pas, elle est accueillie par Ido, un médecin qui comprend que derrière ce corps de cyborg abandonné, se cache une jeune femme au passé extraordinaire. Ce n’est que lorsque les forces dangereuses et corrompues qui gèrent la ville d’Iron City se lancent à sa poursuite qu’Alita découvre la clé de son passé – elle a des capacités de combat uniques, que ceux qui détiennent le pouvoir veulent absolument maîtriser. Si elle réussit à leur échapper, elle pourrait sauver ses amis, sa famille, et le monde qu’elle a appris à aimer.

Adapté du manga Gunnm de Yukito Kishiro paru en 1990, ce film est en développement par James Cameron depuis 2003. Mais trop pris par Avatar et ses nombreuses suites (que nous attendons toujours), le bébé a été refilé à Robert Rodriguez a qui l’on doit quelques blockbusters intéressants comme From dusk till dawn, Sin City ou encore les excellents Machete. Avec un budget de 200M de $ et des effets spéciaux assurés par Weta (la boite néo-zélandaise qui s’est fait connaître avec The Lord of the Ring), Alita est un réussite visuelle époustouflante. Mon dernier enchantement visuel de ce niveau date de Ready Player One. Alors que n’importe quel film est une expérience dans une salle Imax, la 3D n’est pas toujours un plus, mais pour Alita, le 3D est presque indispensable, elle rehausse encore la qualité des scènes, surtout de combats, en y associant une netteté incroyable. Le film vaut le déplacement rien que pour cette qualité graphique ! Surtout… en fait…

Je suis beaucoup plus partagé en ce qui concerne le scénario. Le background, grâce au matériau d’origine, est riche et solide mais son utilisation en est pour partie ratée. La ville d’Iron City est censée être une ville sale et très moche, malfamée et violente en permanence, en opposition avec la cité céleste de Zelam. C’est d’ailleurs pour cette raison que les protagonistes ne rêvent que d’une chose, atteindre les cieux, ce nirvana inaccessible où la vie est douce et sécurisée. Dans Alita, Iron city est dépeinte comme un endroit vraiment agréable à vivre, les scènes de balade, de shopping (chocolat) etc… la rendent sympathique, on aurait presque envie d’y vivre. Du coup, il est incompréhensible et illogique de risquer tout pour rejoindre Zelam, on ne croit pas une seconde à la motivation des personnages.

En parlant des personnages, là aussi, je suis déçu par leur développement. Alita est invincible, aucune fois elle est en danger, nous ne sommes donc jamais impliqués émotionnellement par les risques qu’elle prend. Les vilains sont tous faibles, que ce soit les combattants ou les « pensants » comme Vector (interprété par l’excellent Mahershala Ali qui a fait un bien meilleur choix de rôle avec Green Book ^^). Et la seule fois où Alita est en difficulté face à un Grewishka, le résultat est téléphoné : on sait qu’il va falloir trouver une pirouette scénaristique pour que le docteur Ido accepte de la greffer à l’armure super sophistiquée qu’elle a récupéré. Là encore, aucune inquiétude pour le personnage.

Les autres protagonistes sont relativement creux ou mal développés. Chiren (jouée par Jennifer Connelly) change d’avis quand à son allégeance, en un claquement de doigt et un regard sur la scène qui se déroule dans l’église, alors qu’à aucun moment, on a pu déceler un quelconque combat intérieur sur ses doutes. J’aurai vraiment aimé un peu plus de ce personnage. La relation entre Hugo et Alita est d’une niaiserie excessive. Le meilleur personnage, le mieux construit et le plus crédible est à mon sens le docteur Ido, interprété par Christoph Waltz. Si seulement les autres personnages avaient été soigné et de cette qualité, cela aurait palier la faiblesse du scénario. Il faut aussi féliciter Rosa Salazar pour son travail de motion capture, elle se hisse au niveau du maître incontesté dans le domaine : Andy Serkis. J’ai été bluffé par la retranscription en CGI de son interprétation.

Alita m’a fait l’effet d’un bon repas en préparation, où le mélange des odeurs est prometteur, où on attends la dégustation avec impatience, alors que celle-ci ne vient jamais. J’ai attendu jusqu’à la fin que le film démarre vraiment, mais en vain. Même la conclusion a un gout amer, une sorte de pied de nez fait au spectateur pour encore le mettre en bouche avec une suite incontournable, si on est sage. Bref, mes attentes étaient peut-être trop hautes et ma déception en a été que plus grande, mais le film ne tient qu’à la prouesse technique des CGI, des scènes d’actions à la chorégraphie parfaite et à la qualité de l’image et de la 3D. Le même scénario, les mêmes personnages, mais avec un budget moindre et donc sans les effets spéciaux extraordinaires dont bénéficie Alita aurait été considéré comme un nanar digne de SyFy channel.  13/20 pour le travail de Weta, uniquement.

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