GLASS

(2019). Gérant de sa société de sécurité, à l’aide de son fils Joseph, David Dunn utilise ses habilités surnaturelles pour traquer les criminels de façon anonyme. Sur la piste de Kevin Wendell Crumb et ses vingt-quatre personnalités, il délivre ses victimes et tente de le neutraliser, alors que les forces de police les arrêtent tous les deux et les enferment dans un institut spécialisé, sous les ordres du docteur Staples. L’institut abrite également Mr Glass, responsable de morts en masse.

Attention Spoilers ! Attention Spoilers ! Attention Spoilers !

Glass est le film qui clôt la trilogie de M. Night Shyamalan commencée en 2000 avec Unbreakable et poursuivie en 2016 avec Split. Shyamalan est sans conteste, de mon point de vue, un réalisateur hors pair, digne des plus grands tant il a son propre style et sait comment raconter une histoire.  Cependant, il est tombé dans quelques facilités, et s’est égaré avec Glass. Au niveau de la réalisation, des plans très inventifs ou intéressants comme lorsque Glass avance dans le couloir avec un flou en arrière plan de la Bête qui élimine les gardes, la caméra qui s’inverse donnant un sentiment de vertiges etc…  rien à redire. Mais en ce qui concerne le scénario, on est loin du compte. Tout d’abord, il s’est laissé séduire par l’extraordinaire jeu de James McAvoy (j’y reviendrai) laissant bien moins de place à Bruce Willis alors que son rôle est tout aussi important.

Mais surtout il y a des soucis grossiers dans certains passages. L’exemple qui m’a le plus dérangé concerne le système de flash lumineux qui est censé empêcher Kevin de s’échapper de sa cellule. Dès qu’il s’approche de la porte, des flashs puissants provoquent un choc visuel qui lui fait changer automatiquement de personnalité. Ce qui signifie que parmi toutes ses personnalités, aucune n’a la présence d’esprit de s’avancer en se protégeant le visage (par exemple avec les draps de son lit) puis, une fois contre la porte, invoquer la Bête pour la défoncer. Même si les scènes en question sont émotionnellement prenantes, ce « détail » n’a cessé de me les gâcher. Mais mon plus grand regret pour la fin de cette trilogie réside cette contrainte que Shyamalan s’impose : un twist de fin pour que les gens se rappellent et parlent de son film. Là où le Sixième Sens, Unbreakable, The Village ou même The Happening réussissaient l’exercice, pour Glass, c’est raté. L’explication de cette société secrète qui combat les humains aux super-pouvoirs est trop rapidement abordé (cela tombe de nulle part) et surtout trop grossièrement amené (les plans avec les tatouages sont dignes d’un mauvais film de série B). Et lorsque Staples tend la main à Dunn pour qu’il comprenne, et nous avec, cela ressemble à une mauvaise pirouette explicative. Quand au discours de fin lors du diner… non c’est scénaristiquement mauvais !

En contrepartie, j’ai beaucoup aimé ce qu’il a fait des personnages, et le casting est à la hauteur de son ambition. James McAvoy mérite un oscar et vole littéralement la vedette. Déjà excellent dans Split, il excelle dans Glass, en incarnant successivement les différentes personnalités de son personnage, quelques fois plusieurs en même temps : performance d’acteur impressionnante. Samuel L. Jackson et Bruce Willis retrouvent leurs marques (19 ans après pourtant) en reprenant aisément leur rôle. Les « plus » provient des personnages secondaires, qui prennent tous une ampleur attrayante. Le fils de David, avec les flashback d’Unbreakable en utilisant les scènes non utilisées pour le film, Casey qui a développé une relation particulière avec Kevin et la Horde, ou encore la mère de Mr Glass. Cela m’a rappelé mes Chroniques où je joue de la même façon avec les personnages qui semblent juste être secondaires ou même insignifiants, se révélant plus tard comme clés ^^

Le docteur Staples, personnage central interprétée par Sarah Paulson, que les fans d’American Horror Story connaissent bien, est complètement raté. Sa crédibilité n’est jamais présente à l’écran, sa présence est poussive et le pseudo mystère qui l’enveloppe n’a aucun intérêt. Je n’accable pas l’actrice qui a fait ce qu’il lui était demandé, même si j’ai l’impression qu’elle interprète un peu toujours de la même façon ses personnages, ce qui fonctionne bien dans AHS mais pas dans Glass, mais plutôt l’écriture médiocre du personnage. Elle est censé faire la jonction des trois autres tout en étant leur Némésis, mais l’alchimie n’opère jamais.

Glass a largement divisé les critiques allant de « bouse innommable » à « chef-d’oeuvre incontestable ». Je serai plus nuancé pour conclure : malgré les lacunes que j’ai développé, je ne me suis pas ennuyé, la lenteur de mise en place de l’intrigue est propre à Shyamalan et il maîtrise cet aspect depuis longtemps, j’ai été emporté par certaines scènes : notamment les confrontations intenses Bête/Dunn ou les calculs machiavéliques de Mr Glass. Je n’aime pas du tout la fin, que ce soit l’élimination des personnages ou la société secrète, ou même l’exposition par le plan de Mr Glass. Je recommande quand même ce film même si la balise « spoiler » suggère que ceux qui auront lu cet article l’auront déjà vu 🙂 16/20.

Laisser un commentaire